La chaîne logistique connectée est un enjeu majeur pour les entreprises en 2024. Face aux exigences croissantes des consommateurs en termes de transparence, traçabilité et qualité, les technologies comme la blockchain, l'automatisation et le Big Data se révèlent être des alliés précieux. Cet article explore comment optimiser sa chaîne logistique grâce au digital pour gagner en efficacité et répondre aux attentes clients.
Les bénéfices de la blockchain pour une logistique sécurisée
Alors que les attentes des consommateurs en matière de transparence et de traçabilité ne cessent de croître, notamment sous l'impulsion des préoccupations écologiques et éthiques, la blockchain apparaît comme un outil prometteur pour sécuriser et fiabiliser les chaînes logistiques. Les clients finaux sont en effet de plus en plus soucieux de connaître l'origine et les conditions de production des biens qu'ils achètent. Ils recherchent des informations précises et vérifiables sur l'ensemble de la chaîne de valeur, depuis l'approvisionnement en matières premières jusqu'aux modalités de livraison.
Dans ce contexte, la France, comme d'autres pays, s'engage dans le développement de stratégies visant à intégrer la technologie blockchain au cœur des processus logistiques. Bien que seuls 9% des décideurs envisagent d'investir dans la blockchain à court terme, son potentiel pour lutter contre la fraude et la contrefaçon est largement reconnu par les acteurs du secteur.
La blockchain, un registre infalsifiable pour une traçabilité de bout en bout
Découvrez les principes de base de la blockchain, cette technologie qui offre un grand registre numérique, décentralisé et sécurisé dans lequel sont enregistrées chronologiquement toutes les transactions. Chaque bloc contient des informations horodatées et liées au bloc précédent, rendant toute modification ultérieure extrêmement difficile. Cette technologie offre ainsi un haut niveau de transparence et d'intégrité des données.
Appliquée à la logistique, la blockchain permet de tracer un produit à chaque étape de son parcours, du fournisseur initial jusqu'au client final. Chaque acteur de la chaîne (producteurs, transporteurs, douanes, distributeurs...) peut ajouter des informations vérifiées dans le registre partagé : origine des matières premières, lieu et conditions de fabrication, certifications, contrôles qualité, détails d'expédition, etc. Toutes ces données sont accessibles en temps réel et ne peuvent être altérées.
La startup française Connecting Food propose par exemple une solution de traçabilité basée sur la blockchain qui permet de certifier l'origine, la qualité et la fraîcheur des produits alimentaires. Chaque lot est tracé depuis le champ jusqu'à l'assiette, offrant aux consommateurs une information fiable sur ce qu'ils mangent. Le géant de la grande distribution Carrefour a également lancé en 2018 une blockchain alimentaire pour tracer certains produits comme le poulet, les œufs ou les tomates.
Lutter contre la fraude et la contrefaçon
Grâce à son caractère infalsifiable et décentralisé, la blockchain représente un outil puissant pour combattre les fraudes et contrefaçons qui gangrènent de nombreux secteurs. En enregistrant toutes les étapes de la vie d'un produit dans un registre immuable, elle rend très difficile la création de faux ou la revente de marchandises volées.
Dans l'industrie du luxe par exemple, les grandes marques font face à un marché parallèle estimé à plus de 460 milliards d'euros par an au niveau mondial. La blockchain peut les aider à certifier l'authenticité de leurs produits et à lutter contre les copies. Le groupe LVMH a ainsi noué un partenariat avec Microsoft et ConsenSys pour développer AURA, une blockchain qui permet de tracer l'origine et le cycle de vie des articles de luxe (matières premières, lieux de confection, numéros de série, certificats...). Les clients peuvent vérifier eux-mêmes la provenance et l'authenticité de leurs achats.
La lutte anti-contrefaçon profite aussi à d'autres filières comme la pharmacie ou l'aéronautique, soumises à de stricts impératifs de sécurité et de qualité. Selon le fabricant d'Airbus, environ 520 000 pièces détachées d'avion seraient aujourd'hui des contrefaçons, représentant un risque majeur. La traçabilité inaltérable permise par la blockchain apporte une réponse à ce fléau.
Secteur | Estimation contrefaçon (monde) |
---|---|
Luxe | 460 milliards €/an |
Pharmacie | 200 milliards $/an |
Pièces détachées d'avion | 520 000 pièces |
Optimiser les processus et réduire les coûts
Au-delà de son rôle de tiers de confiance, la blockchain a le potentiel de fluidifier les échanges entre les multiples parties prenantes des chaînes logistiques et de réduire les coûts de transaction. En mettant en relation directe producteurs, transporteurs, douanes, assurances, distributeurs et clients dans un registre partagé, elle permet d'éliminer de nombreux intermédiaires et de gagner en efficacité.
Les smart contracts (contrats intelligents), programmes qui s'auto-exécutent lorsque des conditions prédéfinies sont remplies, automatisent et accélèrent le traitement de tâches chronophages : dédouanement, assurance, paiement, certification, etc. Le transporteur maritime Maersk et IBM ont par exemple co-développé TradeLens, une blockchain qui vise à numériser et simplifier les processus du commerce international en connectant l'ensemble de l'écosystème (armateurs, ports, douanes, banques...). L'objectif est de réduire la paperasserie et les coûts administratifs tout en renforçant la sécurité et la traçabilité.
Les blockchains peuvent aussi servir de support à des places de marché décentralisées mettant directement en relation chargeurs et transporteurs, contournant ainsi les intermédiaires. La jeune pousse française Truckfly entend "ubériser" le transport routier avec sa plateforme basée sur la blockchain Ethereum. Celle-ci permet aux expéditeurs de trouver le camion le plus proche avec de l'espace disponible et de négocier directement avec le chauffeur, réalisant des économies substantielles.
Renforcer la confiance et la collaboration
En offrant un socle commun de données infalsifiables, accessible à tous de manière transparente, la blockchain instaure un climat de confiance entre des acteurs qui ne se connaissent pas forcément. Ce registre partagé incite les participants à mieux collaborer et échanger leurs informations, là où traditionnellement chacun avait tendance à garder ses données pour soi.
La blockchain peut ainsi servir de levier pour développer des écosystèmes logistiques collaboratifs, plus agiles et réactifs. La visibilité accrue tout au long de la chaîne permet une meilleure anticipation des aléas et une gestion plus efficace des stocks et des ressources (entrepôts, camions, conteneurs...). De quoi réduire les ruptures, le gaspillage et in fine l'empreinte environnementale.
L'avantage de l'automatisation dans la réduction des coûts logistiques
L'automatisation et la numérisation de la chaîne logistique offrent des opportunités majeures pour les entreprises du secteur de la grande consommation et de la distribution spécialisée de réduire leurs coûts logistiques tout en améliorant la qualité de service. Selon une étude récente, près des deux tiers des décideurs estiment que la digitalisation de leur supply chain permettrait de diminuer significativement les frais logistiques.
Des systèmes de suivi en temps réel pour un pilotage au plus juste
Grâce aux technologies connectées comme l'IoT et les capteurs installés tout au long de la chaîne, il devient possible de suivre en temps réel les flux physiques de bout en bout. Ces systèmes de traçabilité transmettent des données précises et à jour sur la localisation des produits, les niveaux de stock, les délais de livraison, etc. Ce suivi en temps réel permet un pilotage extrêmement fin de la logistique, en anticipant mieux la demande, en optimisant les niveaux de stock et en réduisant les risques de rupture.
Outre un gain de temps non négligeable dans la gestion des flux, l'automatisation de certaines tâches logistiques contribue à accélérer les cycles de distribution et à réduire les délais. Les technologies de convoyage automatisé, de stockage robotisé ou encore de picking assisté par réalité augmentée éliminent des tâches manuelles chronophages et sources d'erreurs.
Améliorer la productivité et réduire la pénibilité grâce à l'automatisation
Au-delà du gain de temps, l'automatisation apporte plusieurs bénéfices opérationnels majeurs. Elle permet d'abord d'améliorer significativement la productivité des entrepôts et des centres logistiques. Les robots de manutention, les systèmes de tri automatique ou les chariots autoguidés augmentent les cadences de préparation tout en réduisant les risques d'erreur.
L'automatisation constitue également une réponse efficace aux difficultés de recrutement lors des pics d'activité saisonniers. Des solutions robotisées flexibles et mobiles peuvent être déployées ponctuellement pour absorber les hausses de volume. Enfin, les technologies d'automatisation contribuent à réduire la pénibilité de certaines tâches physiques pour les opérateurs logistiques.
Optimiser les tournées de livraison grâce à l'IA et au Big Data
La planification automatique des tournées de livraison basée sur l'intelligence artificielle est un autre levier d'optimisation permis par la digitalisation. En exploitant les données massives (Big Data) issues des systèmes d'information et des objets connectés, des algorithmes de machine learning sont capables de calculer les itinéraires optimaux en temps réel.
Ces outils d'optimisation tiennent compte d'une multitude de paramètres comme les délais de livraison, les caractéristiques des véhicules, les conditions de trafic, etc. Ils permettent de construire des tournées en maximisant le taux de remplissage, en minimisant les distances parcourues et en respectant les contraintes horaires. Résultat : une réduction significative des coûts de transport et des émissions de CO2.
L'automatisation et la numérisation de la chaîne logistique apportent donc des gains considérables en termes de productivité, de qualité de service et de coûts. Pour tirer pleinement parti de ces technologies, les entreprises doivent néanmoins mener des projets de transformation ambitieux en repensant leurs processus et en montant en compétences sur ces nouveaux outils.
Répondre aux attentes client avec une chaîne logistique performante
Dans un contexte de montée en puissance de l'e-commerce et d'exigences clients accrues en termes de choix, disponibilité, prix et délais, les entreprises doivent plus que jamais s'appuyer sur une supply chain performante et agile. Les technologies du Big Data leur offrent de nouvelles opportunités pour transformer les données en avantage concurrentiel et ainsi mieux répondre aux attentes des consommateurs.
Utiliser la data pour améliorer l'expérience client
Le volume croissant de données générées tout au long de la chaîne logistique représente un capital précieux pour les entreprises. Grâce aux solutions de Big Data, elles peuvent collecter, centraliser et analyser cette masse d'informations hétérogènes afin d'en tirer des insights utiles pour optimiser leurs processus :
- Anticiper plus finement la demande et ajuster les niveaux de stocks en conséquence
- Identifier les tendances de consommation émergentes pour adapter l'offre produit
- Optimiser les flux logistiques pour réduire les délais et les coûts de livraison
- Personnaliser la relation client en proposant des offres et un service sur-mesure
L'analyse de la data permet ainsi d'offrir une meilleure expérience d'achat, avec le bon produit au bon moment et au meilleur prix. Un enjeu clé dans un contexte ultra-concurrentiel où la satisfaction client est devenue le nerf de la guerre.
Vers une supply chain pilotée par la data
Au-delà de l'expérience client, exploiter le potentiel du Big Data est un levier d'optimisation et de performance pour l'ensemble de la chaîne logistique. Comme le souligne une étude McKinsey, la transformation numérique des processus de la supply chain FMCG passe par une utilisation massive de la data pour :
- Assurer une traçabilité totale, du fabricant au client final
- Accélérer et réduire le coût des approvisionnements en ligne
- Mettre en place une production en flux tendu grâce au numérique
À terme, l'objectif est de construire une supply chain «data-driven», c'est-à-dire entièrement pilotée par la donnée. Celle-ci devient le carburant qui alimente les processus et guide la prise de décision à tous les niveaux, en temps réel. Une étape clé vers l'usine du futur 4.0, ultra-connectée et automatisée.
Mais exploiter la data de façon efficace ne s'improvise pas. Cela suppose d'investir dans des solutions technologiques adaptées pour structurer et valoriser ce patrimoine informationnel. L'autre enjeu est d'ordre culturel : il s'agit de faire évoluer les mentalités et les modes de fonctionnement en interne, pour ancrer une véritable culture de la donnée à tous les étages de l'entreprise.
Vers une chaîne logistique connectée et agile
La transformation digitale de la chaîne logistique est un levier de compétitivité incontournable pour les entreprises. En misant sur des technologies innovantes comme la blockchain, l'automatisation et l'analyse des données, elles peuvent gagner en agilité, réduire leurs coûts et améliorer la satisfaction client. Cependant, cette mutation nécessite d'importants investissements et une vision stratégique à long terme. Les acteurs qui sauront prendre ce virage technologique avec audace seront les mieux armés pour relever les défis logistiques de demain.