Les enjeux de l’industrie numérique

L’industrie numérique

La France est en pleine 4e révolution industrielle, cherchant à reconstruire son tissu industriel grâce à l'intégration des technologies numériques. La robotique avancée, l'intelligence artificielle, les jumeaux numériques et l'impression 3D transforment profondément l'industrie, promettant des gains de productivité et une production plus écologique. Cependant, des défis d'interopérabilité et de sécurité des données doivent être relevés pour assurer une gestion efficace de cette transformation.

📊 Chiffre clé

La part de l'industrie dans le PIB français a connu une baisse significative avant le début de la 4e révolution industrielle numérique.

La 4e révolution industrielle numérique en France

La France est actuellement en pleine 4ème révolution industrielle, marquée par une intégration croissante des technologies numériques dans l'industrie. Cette transformation promet des gains significatifs de productivité et une évolution profonde du secteur industriel grâce à l'utilisation massive des données.

Après avoir connu une baisse importante de la part de l'industrie dans son PIB ces dernières décennies, passant de 24% en 1980 à moins de 14% aujourd'hui selon France Stratégie, la France cherche à reconstruire son tissu industriel en s'appuyant sur les opportunités offertes par le numérique. L'objectif est de rendre l'industrie tricolore plus agile, flexible et compétitive.

Une multitude de technologies au service de l'industrie 4.0

Pour réussir sa transformation vers l'industrie du futur, les entreprises françaises misent sur une combinaison de technologies numériques :

  • La collecte massive de données via des capteurs et systèmes cyber-physiques pour un suivi en temps réel des process
  • L'utilisation de robots collaboratifs (cobots) plus souples et sûrs, travaillant main dans la main avec les opérateurs humains
  • Le recours à la simulation numérique et aux jumeaux numériques pour anticiper et optimiser la production
  • Le déploiement de la fabrication additive (impression 3D) permettant une production flexible et personnalisée

De premiers cas concrets prometteurs

Plusieurs industriels français se sont déjà engagés dans cette voie de la digitalisation :

  • ArcelorMittal a développé avec le CEA un système de vision par ordinateur détectant les défauts sur les lignes de laminage à chaud
  • Safran a conçu avec le CEA-List un cobot assistant les opérateurs pour l'assemblage de son moteur LEAP, réduisant les temps de 3h à 30 min
  • Des jumeaux numériques de lignes de production ont permis d'éliminer les réglages fastidieux à l'installation et d'anticiper les pannes

Repenser l'organisation et les compétences

Au-delà des technologies, réussir l'industrie 4.0 implique d'adapter l'organisation du travail et les compétences. La collaboration homme-robot, le pilotage par la donnée, nécessitent de nouvelles façons de travailler.
Des profils pointus en analyse de données, robotique, jumeaux numériques doivent être intégrés. Mais c'est aussi l'occasion de revaloriser certains métiers industriels en les orientant vers des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Combiner numérique et écologie

Enfin, l'industrie 4.0 doit être l'occasion de rendre la production plus durable en optimisant les ressources utilisées (énergie, matières) grâce au numérique. Des initiatives émergent pour coupler suivi digital et scoring carbone des process afin de favoriser les modes de production les plus vertueux pour l'environnement, en circuit court.

La transformation numérique offre de formidables leviers pour moderniser en profondeur l'industrie française. Reste maintenant à accompagner massivement les PME et ETI industrielles dans cette démarche pour ne pas creuser l'écart avec les grands groupes. Un enjeu à la fois économique, social et environnemental pour l'avenir de notre pays.

Robotique et intelligence artificielle

L'essor fulgurant de la robotique avancée et de l'intelligence artificielle métamorphose en profondeur les usines et les modes de production industrielle. L'interaction homme-machine atteint un niveau inédit grâce à l'émergence de robots collaboratifs, ou cobots, capables de travailler main dans la main avec les opérateurs humains.

Cette nouvelle génération de robots, bardée de capteurs et pilotée par des algorithmes toujours plus performants, repousse les limites traditionnelles de l'automatisation. Les cobots s'affranchissent en effet des contraintes de sécurité qui tenaient historiquement les robots industriels à bonne distance des opérateurs. Leur conception intrinsèquement sure, intégrant des fonctions de détection de collision et de limitation de force, leur permet de partager le même espace de travail que l'homme sans risque.

Complémentarité homme-robot

Loin de se substituer aux opérateurs, les cobots viennent en complément de leurs compétences spécifiquement humaines. Ils prennent en charge les tâches répétitives, fatigantes ou à risque, libérant ainsi du temps pour des activités à plus forte valeur ajoutée nécessitant dextérité, jugement et créativité.

Cette complémentarité se traduit par des gains significatifs en termes de productivité, de qualité et de flexibilité. Des cas d'usage probants émergent dans de multiples secteurs industriels, de l'automobile à l'agroalimentaire en passant par l'aéronautique et le luxe.

« Le cobot est un vrai partenaire au quotidien. Son assistance m'évite les ports de charge lourde et les gestes pénibles. Je peux me concentrer sur les opérations plus techniques qui requièrent mon savoir-faire. »

Témoignage d'un opérateur équipé d'un cobot sur une ligne de montage aéronautique

Intelligence artificielle embarquée

Les progrès de l'intelligence artificielle dotent les robots de capacités cognitives croissantes. Grâce au machine learning, ils apprennent de manière autonome à reconnaître des objets, interpréter des situations et prendre des décisions. Certains cobots sont ainsi capables d'adapter leur comportement en temps réel, en fonction du contexte et des actions de leur partenaire humain.

Cette « IA embarquée » ouvre le champ des possibles en matière de flexibilité et d'agilité manufacturière. Associée à la cobotique, elle permet d'envisager des lignes de production reconfigurables à la volée, capables de s'adapter rapidement aux variations de cadences et de produits. Un atout précieux pour gérer une demande de plus en plus volatile et personnalisée.

BénéficeImpact pour l'opérateurImpact pour l'entreprise
ErgonomieRéduction de la pénibilité et des TMSBaisse de l'absentéisme
ProductivitéAssistance sur les tâches à faible valeur ajoutéeGains de productivité de 15 à 30%
QualitéFiabilisation des processusRéduction des taux de rebut
Synthèse des bénéfices de la cobotique (Source : étude du CEA-List)

Des défis à relever

Si les promesses sont grandes, des défis technologiques et humains restent à relever pour démocratiser ces solutions. La conception de cobots toujours plus sûrs, intuitifs et simples à programmer est un enjeu clé, notamment pour les PME ne disposant pas de compétences pointues en robotique. Il s'agit aussi d'accompagner le changement auprès des opérateurs, en les formant à ces nouveaux outils et en les impliquant dans leur déploiement.

La France dispose d'atouts indéniables pour être aux avant-postes de cette (r)évolution industrielle, avec un écosystème dynamique rassemblant des acteurs académiques de pointe comme le CEA-List, des grands groupes engagés et un tissu fertile de startups et PME innovantes. Une filière d'excellence, au service de la compétitivité et de l'emploi industriel sur nos territoires.

jumeaux numériques et industrie durable

La production écologique grâce aux innovations numériques

L'industrie numérique, longtemps perçue comme virtuelle et éco-responsable, prend conscience de son impact environnemental grandissant. Les nouvelles technologies permettent aujourd'hui d'optimiser la consommation des ressources et l'efficacité énergétique dans le secteur industriel, ouvrant la voie vers une production plus verte.

Les jumeaux numériques pour concevoir des usines plus durables

La simulation numérique pousse l'industrie à repenser ses méthodes de conception et de production. Grâce à la création de "jumeaux numériques", répliques virtuelles d'objets ou de processus industriels, il est possible d'anticiper et d'optimiser le fonctionnement d'une usine avant même sa construction. Alimentés par des données réelles collectées via des capteurs, ces modèles numériques permettent de tester différents scénarios, d'identifier les points d'amélioration en termes de consommation d'énergie et de matières premières.

Concrètement, un jumeau numérique d'une ligne de production peut par exemple aider à estimer la quantité optimale de matériaux nécessaires, réduisant ainsi les déchets. Il permet également de détecter les dérives et pannes potentielles afin de planifier une maintenance prédictive, évitant surconsommation et arrêts intempestifs. Le recours à ces simulations numériques favorise donc une utilisation plus rationnelle des ressources.

L'impression 3D pour une production à la demande et localisée

L'impression 3D ou fabrication additive révolutionne également les modes de production industrielle. Cette technologie de pointe permet de fabriquer des pièces en superposant des couches de matière, uniquement là où c'est nécessaire, limitant drastiquement les chutes et rebuts inhérents aux procédés soustractifs traditionnels (usinage, fraisage...).

De plus, en permettant une production à la demande au plus près des besoins, l'impression 3D réduit les stocks et rationalise les flux logistiques. Un atout écologique indéniable au vu de l'impact environnemental du transport de marchandises. Certaines entreprises profitent également de cette technologie pour relocaliser leur production, limitant encore les émissions carbone liées à l'acheminement de produits finis depuis l'étranger.

ProcédéRéduction des déchetsOptimisation logistique
Fabrication soustractive traditionnelle--
Impression 3D / Fabrication additive++++

Le virage écologique de l'industrie passe nécessairement par l'adoption de ces technologies innovantes et responsables. En optimisant l'utilisation des matières premières et de l'énergie, les jumeaux numériques et l'impression 3D ouvrent la voie vers une production plus verte, au plus près des besoins. Les gains environnementaux seront significatifs à condition que les entreprises investissent massivement dans ces outils. Un défi qui nécessite une prise de conscience et un changement de paradigme.

Les défis de l'interopérabilité et de la sécurité des données

L'industrie numérique fait face à de nombreux défis en termes de sécurité des données et d'interopérabilité entre les systèmes. Avec la multiplication des objets connectés et des systèmes informatiques communicants, garantir la confidentialité et l'intégrité des données industrielles devient un enjeu majeur.

Des menaces de cybersécurité de plus en plus prégnantes

L'ouverture des systèmes industriels sur les réseaux informatiques et internet les rend plus vulnérables aux cyberattaques. Les conséquences peuvent être désastreuses : espionnage industriel, vol de données sensibles, sabotage des installations, interruption de la production, etc. Selon une étude de Kaspersky Lab, 48% des entreprises industrielles ont subi au moins un incident de cybersécurité en 2017.

Pour se prémunir contre les cybermenaces, les industriels doivent mettre en place des mesures techniques (firewalls, antivirus, chiffrement des données...) mais aussi organisationnelles et humaines (sensibilisation des employés, gestion des accès, surveillance...). L'ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information) accompagne les entreprises dans la sécurisation de leurs systèmes industriels.

Vers une standardisation des protocoles de communication

La variété des protocoles utilisés par les équipements industriels connectés (SCADA, Modbus, Profinet...) complique l'interopérabilité et la communication entre les systèmes. Pour fluidifier les échanges de données, il est nécessaire de s'appuyer sur des standards ouverts et reconnus comme OPC UA (Open Platform Communications Unified Architecture).

Cela permettra de faciliter l'intégration de nouveaux équipements et logiciels dans l'écosystème existant. Les industriels pourront ainsi déployer plus rapidement de nouvelles applications exploitant les données (maintenance prédictive, optimisation énergétique...) tout en évitant l'enfermement propriétaire.

Le défi de la confidentialité et de la souveraineté des données

Avec l'essor du cloud computing et des plateformes IoT, de plus en plus de données industrielles sont hébergées et traitées à l'extérieur de l'entreprise. Il est indispensable de s'assurer que ces données sensibles restent confidentielles et ne tombent pas entre de mauvaises mains.

La réglementation européenne (RGPD) impose aux entreprises de garantir la protection des données personnelles. Mais au-delà des aspects juridiques, c'est aussi une question de souveraineté numérique. Certaines entreprises choisissent ainsi d'héberger leurs données critiques sur des clouds souverains pour garder le contrôle.

Relever ces défis de cybersécurité et d'interopérabilité est essentiel pour déployer sereinement l'industrie 4.0. Cela nécessite d'adopter une approche holistique associant technologies de pointe, bonnes pratiques et montée en compétences des équipes. Un véritable projet d'entreprise qui doit impliquer la direction comme les opérationnels.

L’industrie numérique

Un futur industriel numérique et vert

L'industrie numérique française se dessine comme un moteur de croissance et d'innovation, alliant productivité et durabilité. Les technologies de pointe telles que la robotique collaborative, l'IA et la fabrication additive ouvrent de nouvelles perspectives pour optimiser les processus et réduire l'impact environnemental. Néanmoins, la réussite de cette transformation nécessitera une maîtrise des enjeux de sécurité et d'interopérabilité des données industrielles. Un écosystème collaboratif entre acteurs publics et privés sera essentiel pour positionner la France comme leader de cette industrie du futur.